La présidence française de l'UE par Marin Chapoutot
Par
popolyptic
Le 27/01/2022
1er janvier 2022, la France prenait officiellement les commandes de l’UE. Cette présidence du conseil de l’UE d’une durée de 6 mois donne la possibilité au gouvernement français de donner le tempo sur des sujets qu’elle juge cruciaux (autonomie stratégique, climat, réforme de l’espace Schengen). Mais bien qu’ayant accès tous les 13 ans à cette présidence, la France voit cette responsabilité européenne se superposer avec un enjeu national de taille, l’élection présidentielle. Pour les détracteurs politiques du président de la république, équité oblige, le gouvernement français aurait du renoncer à cette prise de fonction au sein de l’appareil européen. En effet, en cette période électorale, les tensions se crispent, les langues se délient et les rivalités se raidissent donnant lieu à des passes d’arme franco-française au sein des institutions européennes. Mais l’enjeu est capital, la France arrive au sommet de la politique européenne à un moment où la Russie se montre très belliqueuse, où les actions pour le climat sont de plus en plus urgentes, où l’UE voit ses fondements bafoués par certains pays membres. De toute évidence, les institutions donnent un pouvoir relatif à cette présidence, mais soulignons que l’ADN de la politique française depuis 5 ans est très encrée dans la doctrine pro-européenne. Cette présidence est une occasion unique pour la France de porter certains projets clivants au sein des pays membres comme sur l’énergie, l’immigration et l’autonomie européenne en brandissant un leadership politique que lui prêtent ses obligations européennes. Mais au-delà de ces enjeux multiples, la France se voit confier d’opérer une coordination entre les pays du nord et du sud en raison de la fracture économique qui s’est accentuée avec la crise du Covid, et qui de plus se carabine à la fracture politique entre l’Europe de l’ouest et l’Europe de l’est. Est il cependant légitime que le gouvernement puisse honorer ses obligations qui lui confèrent l’UE alors qu’une campagne présidentielle houleuse se joue dans l’hexagone ? Rappelons qu’en 2006 l’Allemagne avait été confrontée à la même situation, et pour cause, le gouvernement d’alors dirigé par Gerhardt Schröder avait renoncé et reculé cette échéance politique pour ne pas nuire au bon fonctionnement des institutions. Le débat reste ouvert sur la décision française, mais il est certain que celui sur l’avenir de l’Europe et le rapport que les citoyens entretiennent face à cette institution, sera un thème brulant qui de surcroit s’invitera dans les débats pour la présidentielle.