J’attends,
Seul.
J’entends
Une voix lointaine
Un train qui arrive :
Un couple en descend, bras dessus bras dessous ;
Un autre se retrouve, se faisant des bisous ;
Une mamie énergique, qui refuse toute aide
Apparait à son tour au détour d’un panneau.
Passent un homme et ses chiens
Devant moi, l’air de rien.
Et moi, seul.
Des vélos aussitôt enfourchés,
Vites arrivés, vites repartis ;
Un groupe de jeunes filles
Riants à gorge déployées ;
Une mère de son petit accompagnée,
Une autre poussant son bébé,
Un groupe d’adolescents aux lunettes teintés,
Aux vêtements bariolés,
En descendant, au bar vont s’accouder.
Et moi, seul.
Une femme enceinte retrouve son ami ;
Le chef de gare retrouve un collègue.
Et change le sens
De la danse.
Les gens vont vers les trains,
Emportant dans leur flot
Une grand-mère en béquille quittant ses petits-enfants,
Un homme saoul, une bouteille à la main,
L’homme aux chiens qui repasse ;
Un couple bien sapé,
Pressé ;
Un jeune homme surchargé,
Stressé ;
Un autre sur un banc
Les écouteurs aux oreilles vissés,
Le téléphone à la main rivé.
Et moi, seul.
Un clan qui débarque,
Disant au revoir à l’un de ses membres ;
Une future mère célibataire qui passe rapidement ;
Une jeune incognito les lunettes teintées,
Au téléphone parlant ;
Des vélos qui repassent,
D’un fauteuil roulant suivis ;
Une mamy qui difficilement se déplace ;
Une mère qui à son enfant
Fait une dernière fois ses recommandations,
Et l’enfant agacé lève les yeux au ciel
Il ne sait pas tout ce qu’il représente pour elle.
Puis enfin le brouhaha
Se fait plus fort, plus rapide
Haletant et soutenu
Par un sourd bruit de fond contenu :
Le moteur des trains, coupés par la musique
Et la voix venant du ciel
Annonçant le départ imminent.
Et moi dans la cohue, le bruit, les sifflements ;
Moi, seul, debout, j’attends.
Cecil Thymas