Crise des migrants à la frontière biélo-polonaise par Marin Chapoutot

popolyptic Par Le 09/12/2021 0

Dans Vie du Monde

Un vent glacial souffle à l’est, et dans les anciennes républiques satellites d’URSS les tensions géopolitiques n’en finissent plus. La dernière dictature d’Europe (Le Biélorussie) joue la carte du chantage contre ses voisins pour protester contre les dernières sanctions de l’UE à son encontre en raison de la nature du régime de Minsk qui n’est pas au goût de Bruxelles.

070290990895 web tete

ette volonté de nuire s’exprime ni plus ni moins par l’instrumentalisation des migrants venus du Moyen-Orient pour fuir une guerre perpétuelle depuis 15 ans. A majorité kurdes irakiens, les migrants victimes d’une guerre provoquée par les grandes puissances au début des années 2000 maintenant désengagées, subissent la double peine en se retrouvant au cœur d’un règlement de compte politique entre le président biélorusse Loukachenko et les grandes instances de l’UE et particulièrement le gouvernement ultraconservateur polonais. Cela fait maintenant 5 mois que 2000 migrants stationnent prêt de cette frontière fermée par les autorités polonaises. Niant le droit international en plus de la négation de toute sensibilité morale, plusieurs témoignages relatent une violence dirigée contre ces réfugiés de guerre fuyant l’horreur pour  «  l’eldorado européens » de la part des troupes biélorusses et des soldats polonais. C’est bien une guerre diplomatique qui s’est engagée entre les polonais et les biélorusses dont le terrain de jeu n’est qu’autre les migrants eux-mêmes. Mais loin de rester un simple conflit bilatéral, cette crise s’invite dans tous les débats européens à commencer par la classe politique française ou ce sujet se retrouve récupéré par des politiques désireux de faire du clientélisme électoral. Bien qu’entretenant des relations conflictuelles depuis plusieurs mois, Bruxelles et Varsovie protestent et signent ensembles des nouvelles sanctions contre Minsk. L’union européenne, espace des droits de l’homme, terre du progressisme a de curieuse manière d’accueillir un peuple hier martyr par son histoire, aujourd’hui héroïque par ses combats contre Daech, et qui de plus est notre allié dans cette lutte contre l’obscurantisme. Ce refus de considérer comme un devoir non-négociable l’accueil de migrant fuyant la guerre est à la fois une faute morale trahissant une conception universelle censée être un des plus beau lègue de la philosophie des lumières, mais aussi une faute politique qui montre une fois plus la faiblesse d’une Europe voyant sa crédibilité politique malmenée par le chantage des régimes autoritaires l’entourant. Certes, la politique n’est pas qu’une affaire de morale et l’éthique de conviction et de responsabilité chère à Max Weber est un principe fondamental de la gouvernance. Mais nos dirigeants ne devraient pas oublier l’histoire et la laisser moisir dans les livres, car elle est le reflet de leurs échecs. Il y a 30 ans nous abattions les murs en Europe de l’est, détricotons les frontières séparant les peuples, aujourd’hui nous reconstruisons ces murs car nous sommes lâche de ne pas assumer un devoir essentiel car difficile à tenir politiquement. L’Europe ne doit pas être une forteresse, elle doit être une idée, une idée conceptuelle continuant à défendre les principes fondamentaux de la dignité humaine. Valeur fondamentale et originelle de la construction européenne, le droit d’asile doit être défendu.

Ajouter un commentaire

Anti-spam