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Interview à la librairie Libr'enfant

popolyptic Par Le 07/11/2020 0

Dans Autres

Libr'enfant est une librairie créée en 1980, installée rue Colbert. La librairie est spécialisée dans la littérature jeunesse. Nous avons rencontré une des libraires afin de lui poser quelques questions.

Quel statut a la librairie ?

Libr'enfant est une librairie indépendante. Cela nous permet d'appliquer notre propre politique. Cependant nous faisons partie d'un réseau national, « L'association des libraires spécialisé jeunesse» dont notre slogan est « Avec nous la lecture c'est pas sorcier » ce qui qui nous vaut le surnom « Les Sorcières ». Pour rentrer dans ce réseaux il faut des critères particuliers. Ce réseau nous donne une certaine force et un certain pouvoir par rapport aux éditeurs.

 

Être une librairie indépendante est il compliqué ?

Nous, nous avons eu la chance d'avoir repris une librairie qui a aujourd'hui 40   ans. Sa place était faite. On doit quand même toujours se faire connaître. Il y a   toujours ces gens qui vont acheter en grande surface parce que c'est parfois plus   simple de faire ses courses et d'avoir les livres à côté. Ce n'est pas un reproche   mais c'est quand même une grande consommation de culture de masse. Tout le   monde va lire le même livre, à Noël tout le monde va offrir le même livre. Il n'y a  pas de différence comme dans les librairies indépendantes. Notre idée est que   l'enfant grandit pour devenir un citoyen et être à part entière dans sa société.   Ouvrir à une différence de lecture permet de respecter notre idée. L'objet livre   fait grandir.

 

La littérature jeunesse, c'est de quel âge à quel âge ?

C'est assez délicat de répondre à cette question. On ne peut pas dire que la   jeunesse s'arrête à un âge précis. Chez Libr'Enfant nous avons une clientèle adulte  qui continue d'acheter des romans dit ado. On a un public 20-30 ans qui aime bien finalement cette littérature. La publication jeunesse correspond quand même à   une tranche d'âge qu'on appelle ado/adulte. Il y a aussi la grande mode du young   adulte. Des éditeurs vont donc publier de la littérature dystopique, fantaisiste   mais déjà un peu adulte. Nous dans cette librairie on en fait de cette littérature   mais cela dépend de ce que c'est, c'est comme tout. Tout ce qui est publié en   jeunesse ne rentre pas dans le magasin, on sélectionne. On ne va pas proposer des  dérivés de la télévision par exemple, ce n'est pas de la littérature.

Comment choisissez vous les livres ? Vos choix de livres sont-ils donc engagés ?

On a des représentants qui viennent représenter les maisons d'édition et qui nous présente les nouveautés à paraître. On travaille nos quantités, se que l'ont fait renter dans la boutique. On ne prend pas tout. C'est un choix par rapport aux thématiques mais aussi par rapport au graphisme. Ça nous arrive de nous tromper, on prend des risques en quelques sorte. Si on ne vend pas les livre alors on les retourne chez l'éditeur.

Proposez- vous des rencontres ou des animations ?

Nous avons une vraie politique d'animation à la librairie. Nous avons des rendez vous mensuels, nous faisons des lectures libres pour les 3-6 ans, des lectures sur inscription pour les 0-2 ans, les bébés lecteurs et nous avons également un comité ado. Une fois tous les deux mois ou une fois toutes les six semaines nous avons du yoga pour les petits a travers les livres, nous avons les ateliers créatif, les ateliers musicaux et des ateliers philo qui sont organisés avec des intervenants extérieurs locaux. Ces ateliers sont eux payants pour des raisons d'organisation. Les gens qui s'inscrivent aux ateliers viennent quand ils ont payés. Comme le nombre de place est limité cela permet de ne pas avoir de désistements imprévus qui empêchaient certaines familles intéressées de venir aux ateliers. Il y a aussi des rencontres liées à l'actualité. Par exemple pour la journée de la femme nous faisons venir les élèves de la Brigade Olympe de Gouges du collège Anatole France. Les rencontres marchent aussi par connaissance. On peut aussi faire des rencontres dédicaces avec des auteurs mais cela ce fait ponctuellement.beaucoup aussi. J'ai eu la chance de travailler avec comme patron AlainChevet qui se trouvait être le fondateur de cette librairie, Libr'Enfant.

Mes deux collègues, au moment où ce dernier a vendu la boutique, l'ont racheté et je suis venu travailler en tant que salariée. C'est de ce parcours que me vient cette passion pour les livres et particulièrement la littérature de jeunesse.

 

Comment vous est venu cette passion pour les livres ?

J'ai été étudiante en psychologie, particulièrement dans la psychologie de l'enfant. Petite je voulais devenir enseignante, je suis rentrée à la fac et j'ai fait ce que l'on appelle aujourd'hui un master en psychologie de l'enfant pour l'aspect pédagogique et psychologique. J'ai passé le concours d'instit et je me suis finalement rendue compte que ce n'était pas du tout ce que je voulais faire et que je ne savais pas pourquoi j'étais là. J'avais suivi ce qu'on m'avait dit de faire. Au même moment, en tant qu'étudiante je travaillais dans un magasin qui s'appelle les maisons de presse dans lequel j'ai rencontré ma collègue. Au départ je suis dyslexique donc la lecture ce n'était pas quelque chose de facile pour moi. Pourtant je trouvais ça bien les livres. Le problème c'est que ce magasin là appartenait à une grosse chaîne et il nous était impossible de mener la politique que nous voulions. Ce fonctionnement ne me convenait pas. Une opportunité c'est alors présentée et j'ai pu faire une formation avec l'association libre passerelle qui intervient dans des lieux où la lecture n'est pas attendue et qui s'appui sur les albums de jeunesse. J'ai ensuite suivi une formation sur l'illettrisme pour accompagner des personnes en situation d'illettrisme et d'analphabétisme. L'album de jeunesse m'est alors paru très intéressant. Par la suite j'ai pu être embauchée dans l'association où j'y ai travaillé pendant cinq ans. J'ai repris mes études et passé un master de littérature jeunesse. Je me suis intéressé à cette littérature ci, à comment elle était inscrite dans l'histoire, les codes publiques, les codes sociaux... L'associatif me plaisait beaucoup mais mentalement je ne supportais pas les situations auxquelles je faisais face. L'aspect de la librairie était quelque chose qui me plaisait.

 

Avez vous des nouveautés, des coup de cœur à proposer ?

J'en ai plusieurs. Tout d'abord il y a Romy et Julius (qui n'est pas encore paru) écrit par Marine Carteron et Coline Pierré. Ce roman suit la trame de Roméo et Juliette, bien loin de la revisite, au travers de deux personnages. Elle est fille de boucher et lui est vegan. C'est un récit actuel sur la maltraitance animal et sur la société en général. Malgré un personnage qui m'a laissé perplexe le texte La vallée des merveilles de Sylvie Deshors m'a bien plu. C'est l'histoire d'une jeune femme, Jeanne. Elle vit une rupture amoureuse qui l'a bousculée dans sa vie et est envoyé en Italie chez sa tante. Ce récit est remplis d'esprit de collectif, de solidarité puisqu'il tourne autour du thème actuel des migrants. Finalement il y a le texte Signé poète X de Elizabeth Acevedo, en vers libres, racontant la maltraitance au lycée, dans la rue, d'une jeune fille qui n'arrive pas a faire comprendre à ses parents ce qu'elle vit. C'est un texte bouleversant, dans la lignée de roman The hate u give de Angie Thomas.

Solenn et Maera

Cet article a été écrit l'année dernière , mais n'a pas pu être publié. Nous lui rendons donc honneur ici !

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